Le genre Lasius, dont la
création remonte au 18e siècle, occupe
uniquement la région biogéographique Holarctique,
un territoire circumterrestre comprenant les régions Néarctique et
Paléarctique. Ses populations, souvent très abondantes mais discrètes,
occupent tout le territoire sauf les déserts et la forêt boréale. Il
regroupe aujourd’hui plus de 130 espèces réparties dans six
sous-genres. Son histoire taxinomique a été mouvementée; mais
l’alliance de la morphologie, de l’écologie, de la génétique et de la
phylogénie a permis récemment de produire des mises à jour importantes
(Janda et al.
2004, Schär et al.
2018, Seifert 1988, Ward et
al. 2016). Toutefois, une mise à jour taxinomique
exhaustive du genre Lasius
s’avère nécessaire pour préciser les limites naturelles des espèces de
la région Néarctique.
On reconnaît présentement une soixantaine d’espèces dans cette région (Bolton 1995, Creighton 1950, Wilson 1955). Le territoire du Québec en recèle 12 réparties dans quatre sous-genres. Acanthomyops : latipes et subglaber; Cautolasius : brevicornis (= flavus) et nearcticus; Chthonolasius : aphidicola (= umbratus), minutus, speculiventris et subumbratus; Lasius : americanus (= alienus), neoniger, sp. (réf. niger) et pallitarsis. Cette nomenclature demeure partiellement provisoire, car les limites de plusieurs taxons demeurent ambiguës. Les espèces des deux premiers sous-genres sont des parasites sociaux temporaires des espèces du sous-genre Lasius. Il s’ensuit, durant les trois premières années, que l’échantillonnage de leur colonie puisse inclure des ouvrières de l’espèce hôte, lesquelles vont disparaître par la suite faute de reproductrice. À
noter. Le genre Acanthomyops,
créé par Mayr en 1862, fut révisé par Wing en 1968; il a été récemment
réintégré comme sous-genre dans le genre Lasius
(Ward 2005). Des hybridations entre quelques espèces, ainsi que
l’existence de gynes aux pattes surdimensionnées, ont été identifiées
dans la publication de Wing; de ces variations, le petit nombre
d’échantillons disponibles pour les deux espèces présentes au Québec ne
révèle que la gyne aux pattes antérieures spéciales de Lasius latipes.
Diagnose. Ergates. Corps : coloration jaune clair à orangée ou brun pâle à noirâtre; petite taille ≥ 4 mm, peu variable. Mésosome distinctif en vue latérale : promésonotum affichant une forme gibbeuse, suivie d’une dépression métanotale révélant le propodéum; ce dernier de taille et d’inclinaison variables, affichant un ostiole arrondi et situé près de sa marge postérieure. Tête : forme peu variable, d’apparence faiblement trapézoïdale ou quadrangulaire, un peu plus longue que large. Palpes maxillaires comprenant 3 ou 6 articles généralement visibles et dont la longueur totale est variable, palpes labiaux de 3 ou 4 articles courts. Clypéus plus large que long, marge antérieure de forme variable. Antennes de 12 articles sans massue, fosses d’insertion de la base accolées à la marge postérieure du clypéus, scape des antennes s’élargissant progressivement vers l’apex chez les Acanthomyops. Crêtes frontales : peu courbées et divergentes, largement séparées postérieurement. Yeux composés de taille petite (avec peu d’ommatidies) à grande (plus de 150) pouvant atteindre le sixième de la largeur médiane de la tête; présence de micropoils entre les ommatidies. En vue ventrale, bases des métacoxas nettement séparées (juxtaposées chez les Formica). Métatibias garnis de poils dressés à la base de la face latérale postérieure; pubescence abondante et dense sur la face ventrale. Pétiole peu développé. Gastre de petite taille. Gynes. Corps de taille moyenne, de 3 à 4 fois celle des ergates ou réduite chez quelques espèces. Forme de la tête variable, surtout en largeur. Yeux grands, positionnés dans la moitié postérieure de la tête et accompagnés de trois ocelles globuleux. Mésosome développé pour le vol. Gastre volumineux en général. Mâles. Taille généralement petite comparée à celle des gynes. Antennes de 13 articles, sans massue. Gros yeux composés dépassant les marges latérales de la tête et accompagnés de trois ocelles globuleux. Nymphes. Blanches, enveloppées dans un cocon brun pâle et souple. Bioécologie. Bien que surtout discret, un des genres dominants en population de la région Holarctique. Il se rencontre dans les forêts et les milieux ouverts moyennement humides, rarement en milieux secs. Les nids sont construits dans divers sols, avec ou sans trace en surface (plage, cratère, monticule), ou sous divers objets (litière, roche, bois, matériels fabriqués, gazons), et dans le bois mort humide. Les espèces se nourrissent principalement de sécrétions sucrées produites par des plantes (nectar ou sève) ou des insectes Hémiptères (miellat), sans exclure la recherche d’arthropodes morts ou vivants. Une expertise confirmée dans l’élevage des pucerons des racines ou des sommets feuillus des arbres. Des espèces se sont adaptées depuis longtemps aux milieux anthropiques, ce qui a conduit à générer des nuisances importantes dans les cultures, dans les jardins et dans les maisons. Grâce à la grande taille et à la fécondité des reines de certaines espèces, des colonies peuvent comprendre des milliers d’ouvrières. L’essaimage des reproducteurs, parfois spectaculaire, survient durant l’été jusqu’au début de l’automne. Répartition. Ce genre se concentre essentiellement dans la moitié sud du territoire du Québec. Quelque trois espèces atteignent l’écotone faisant transition vers la forêt boréale, en partie favorisées par le développement de milieux anthropiques (Francoeur 2001). CLÉ DES ESPÈCES
SELON LES ERGATES Quelques
précisions préalables s’avèrent nécessaires pour faciliter l’usage de
la présente clé des espèces de Lasius
recensées au Québec. Les termes spécialisés de la morphologie sont
définis dans la section « Glossaire », accessible
dans le menu Identification. Les différents angles d’observation des
parties du corps sont essentiels pour bien capter et reconnaître la
forme décrite, car des angles différents causeront des déformations
virtuelles trompeuses; ainsi, une vue frontale parfaite de la tête
s’obtient lorsque le pourtour entier partage la même mise au point ou
le même plan spatial, ce qui permet, entre autres, d’obtenir la vraie
forme de la marge antérieure du clypéus ou de la marge postérieure de
la tête. Les patrons de pilosité sur le corps et les appendices ont
souvent une valeur diagnostique; les poils dressés courts, fins et
grisâtres, presque translucides, sont parfois difficiles à voir à cause
des reflets de la lumière des petits projecteurs de la loupe
stéréoscopique (ou d’un fond clair sur une photo); il faut alors faire
varier l’angle de vision et la force de la lumière pour les repérer; un
système d’éclairage annulaire fixé autour de l’objectif de la loupe
atténue ce problème. La pubescence désigne les poils généralement
courts et couchés sur la surface du corps (cuticule) et des appendices
dont la densité varie, parfois hirsute (poils en partie soulevés); à ne
pas confondre avec la pilosité dressée ou demi-dressée nettement plus
forte. La description de la couleur repose sur des individus observés
en nature et sur des spécimens de collection peu âgés; la couleur de
ces derniers se dégrade quelque peu avec le temps. La diagnose des
espèces complète les caractères de la clé. Il serait utile de lire ou
relire la section « Usage des clés » accessible dans
le menu Identification.
Lasius americanus
Emery 1893
Diagnose.Taille :
ergate 2 à 4 mm, gyne 5 à 8 mm. Ergates. De couleur brun pâle à brun
foncé, parfois noirâtre, appendices plus pâles. Corps vu de
profil : surface dorsale avec poils dressés et semidressés un
peu courts, épars et peu nombreux, plus longs sur le clypéus et
l’extrémité apicale du gastre; pubescence régulière, un peu plus dense
sur la tête et le gastre. Tête en vue frontale : allure
trapézoïdale, marges latérales bien incurvées, marge postérieure droite
ou à peine convexe, angles occipitaux largement arrondis et sans poils
dressés; joues dépourvues de poils dressés, parfois 1 à 2 en marge des
ailes latérales du clypéus; scapes sans poils dressés et dépassant
l’angle occipital d’une longueur égale aux deux premiers articles du
funicule. Face ventrale de la tête et prosternum sans poils dressés,
parfois 1 à 2. Pattes : fémurs et tibias des pattes
postérieures sans poils dressés; parfois quelques-uns sur la face
postérolatérale des fémurs des deux premières paires de pattes. Palpes
labiaux courts, à quatre articles. Propodéum en vue latérale :
face dorsale très courte, formant une jonction anguleuse avec la longue
face déclive. Pétiole en vue frontale : plus haut que large,
marge dorsale à angles latéraux arrondis ou anguleux chez les grands
individus (et alors présence de quelques poils dressés très courts),
reliés par une concavité médiane dont les dimensions varient avec la
taille du corps. Gynes. Brun foncé, appendices plus pâles. Yeux
composés faiblement bombés, dépassant les marges latérales de la tête,
accompagnés de trois petits ocelles globuleux. Marge postérieure de la
tête faiblement concave. Pilosité semblable à celle des ergates, mais
un peu plus longue, en particulier sur le mésoscutum; pubescence plus
dense. Photos.
À
noter. Dans la littérature, cette espèce néarctique fut longtemps
associée aux espèces européennes Lasius
alienus et L.
niger (Creighton 1950, Schär et al. 2018), et
parfois confondue avec Lasius
neoniger
qui lui ressemble (Gregg 1945). Les limites de ce taxon restent à
préciser dans la région Néarctique en relation avec la diversité des
biomes.
Bioécologie. Monogynie et polygynie temporaire. Cette fourmi habite surtout dans des forêts ombragées (érablières diverses, pinèdes), des boisés mélangés, des tourbières, parfois dans leur bordure de transition (écotone) vers des champs. Elle préfère des micromilieux humides pour construire ses nids dans le bois mort (tronc, souche, grosse branche) souvent en voie de décomposition, ou dans un sol mésique sous mousse et sous pierre. Les colonies peuvent comprendre des milliers d’ouvrières en conditions favorables. Hôte connu des parasites sociaux temporaires Lasius latipes et L. minutus. Une fourmi omnivore, très active de jour en surface, pouvant dégager une forte odeur d’acide formique si dérangée. Les butineuses récoltent le nectar des plantes et le miellat d’insectes divers (pucerons, coccides, membracides) qu’elles entretiennent et protègent; les espèces radicicoles sont transportées sur les racines des plantes saines pour leur alimentation, et ainsi maintenir la production de miellat. Elles se nourrissent aussi d’insectes morts ou vivants et de l’élaïosome des graines de plantes forestières (violettes). Cette espèce s’est quelque peu adaptée aux champs cultivés où les colonies propagent les pucerons radicicoles. À l’occasion, elles peuvent infiltrer une maison à la recherche de nourriture ou s’y installer dans des pièces de bois humides causant des nuisances ( = alienus dans Smith 1965 et Francoeur 2020). Répartition. Une espèce associée au domaine de l’Érablière : commune du sud-ouest au centre du Québec, et au Saguenay—Lac-Saint-Jean. La limite est de son territoire demeure à préciser au-delà de la région du Bas-du-Fleuve pour la rive sud et au-delà de Tadoussac pour la rive nord. Répartition néarctique. Transcontinentale dans le sud du Canada. États-Unis sauf l’Alaska : États du nord et du centre; espèce associée au biome de la forêt décidue dans l’est jusqu’à la moitié nord de la Floride, et aux étages équivalents dans les montagnes de l’Ouest (Ellison et al. 2012). Lasius aphidicola
(Walsh 1863)
Diagnose.
Taille : ergate 3,9 à 5,0 mm, gyne 5,5 à 7,0 mm. Ergates. De
couleur brun jaunâtre à brun orangé, tête et gastre plus foncés que le
mésosome. Corps vu de profil : pilosité dorsale peu dense,
éparse et de longueur variable; poils dressés plus longs en général sur
le promésonotum, plus courts et subdressés, bien répartis sur les deux
premiers tergites du gastre; pubescence régulière sur les deux premiers
tergites du gastre et réduite sur les deux suivants. Tête en vue
frontale : allure quadrangulaire, marges latérales peu
incurvées et la postérieure droite; joues dépourvues de poils dressés;
poils dressés plus courts sur le front, absents sur les angles
occipitaux; scapes sans poils dressés et pubescence régulière,
dépassant l’angle occipital d’une longueur égale aux deux premiers
articles du funicule; yeux composés de taille moyenne. Poils absents ou
rares sur la face ventrale de la tête et le prosternum en vue latérale.
Palpes labiaux courts, à quatre articles. Pattes : fémurs et
tibias sans poils dressés, parfois quelques-uns sur le profémur.
Propodéum en vue latérale : face dorsale très courte, formant
une jonction courtement arrondie avec la longue face déclive.
Pétiole : mince de profil; en vue frontale, marge dorsale avec
des angles latéraux courtement arrondis et reliés par une concavité
médiane plus ou moins profonde; présence de poils. Gynes. Brun grisâtre
uniforme et de petite taille. Yeux bombés, dépassant légèrement la
marge latérale de la tête. Trois ocelles un peu gros. Gastre :
poils dressés très courts, pubescence courte, fine et plus
dense. Photos.
La
présente clé d’identification rassemble deux contingents de spécimens
au Québec : l’un moins poilu, identifié à aphidicola dans
cette diagnose, et un autre plus poilu qui correspondrait peut-être à
la forme (cf. umbratus)
trouvée au Massachusetts (Ellison et
al. 2012). Des différences importantes, parfois plus
marquées chez les gynes, distinguent les deux contingents :
soit poils dorsaux plus longs ou un mélange court–long sur le mésosome,
soit poils dorsaux extrêmement courts sur tout le corps; poils dressés
absents ou présents sur les angles occipitaux, sur les faces latérales
et ventrale de la tête et sur le prosternum; deux formes de
pétiole : forme rectangulaire (plus haut que large), ou
arrondi (tel que mentionné par Ellison et al. 2012), mais
avec ou sans échancrure de taille variable dans les deux formes;
variations de la pubescence du gastre; variation de la taille des
gynes. Outre l’existence d’une espèce indigène, une introduction
possible du L. umbratus
européen devrait être examinée. Le faible échantillonnage actuel ne
permet pas d’interpréter ces variations avec une certitude acceptable.
À noter. Le taxon néarctique aphidicola a perdu rapidement le statut d’espèce en étant inféodé aux L. flavus ou L. umbratus paléarctiques par les myrmécologistes européens. Creighton (1950) le considéra comme une sous-espèce de L. umbratus, puis il fut synonymisé à ce taxon par Wilson (1955). Récemment, il retrouva le statut d’espèce distincte grâce à l’étude de Schär et al. (2018). Cette espèce est reconnue au Québec dans ce document. Toutefois, une étude approfondie, basée sur des séries nidicoles de spécimens et de divers types de données, s’avère nécessaire à l’échelle de la région Néarctique pour clarifier la nature de ce taxon et, possiblement, pour en déceler de nouveaux. Bioécologie. Monogyne. Cette fourmi préfère forêts et boisés mélangés et leurs orées, des zones semi-ouvertes, ayant une humidité suffisante (mésique) tels que pâturages et champs abandonnés. Les nids sont aménagés dans le sol sans indice en surface ou sous roche; mais en forêt, elle construit de grands nids souterrains quand les ouvrières sont nombreuses; à l’aide de la matière organique du sol, elles produisent un matériau brun noir ressemblant à du « carton » lisse et souple, assez fort pour édifier des étages avec des cloisons, générant un espace pouvant loger des milliers de congénères (voir Galerie); la sécheresse rend ce matériau friable. Active hors du nid surtout le jour, mais peut chasser des proies durant la nuit. Elle se nourrit surtout du miellat de pucerons et de coccides radicicoles qu’elle élève et protège. La jeune reine, parasite social temporaire pour fonder sa propre colonie, va s’introduire dans celle de l’une des espèces suivantes : Lasius americanus, L. neoniger ou L. pallitarsis; ainsi, des colonies mixtes peuvent perdurer durant leurs trois premières années de développement. Répartition. Sud du Québec uniquement. Présente dans les territoires de la vallée du fleuve Saint-Laurent, de la frontière ouest jusqu’à la région du Bas-du-Fleuve, la vallée de la rivière Richelieu jusqu’à la frontière sud, la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Limites est et sud à préciser. Répartition néarctique. Continentale au sud du Canada. États-Unis sauf l’Alaska : états du Nord; à l’Est jusqu’aux États du golfe du Mexique, présence dans les montagnes Rocheuses (Wilson 1955). Lasius brevicornis
Emery 1893
Diagnose.
Taille :
ergate 2,2 à 3,4 mm, gyne 5,5 à 7,2 mm. Ergates. De couleur jaune
luisant à orangé ou brun pâle, mésosome parfois plus pâle. Ergates.
Corps vu de profil : surface dorsale avec poils dressés fins,
blanchâtres, peu nombreux, dispersés et plutôt courts, plus longs sur
le clypéus et le promésonotum; pubescence régulière. Tête en vue
frontale : subquadrangulaire, marges latérales faiblement
incurvées et la dorsale droite; mandibules jaune sombre avec des dents
brun foncé; scapes courts et sans poils dressés, ne dépassant pas
l’angle occipital; yeux plats et petits, de taille variable, moins
ovalaires et plus larges que ceux de L. nearcticus.
Palpes labiaux courts, à quatre articles. Pattes : fémurs et
tibias sans poils dressés. Pétiole en vue frontale : marge
dorsale droite ou faiblement concave. Gynes. De couleur taupe. Tête
trapézoïdale et proportionnellement large, pourtour incurvé. Yeux
bombés dépassant faiblement les marges latérales de la tête et trois
ocelles petits. Photos.
À
noter. Espèce reconnue par Creighton en 1950, ce taxon fut synonymisé à
l’espèce européenne Lasius
flavus par Wilson (1955). Récemment, Schär et al. (2018) ont
rétabli son statut d’espèce en y incorporant le Lasius flavus
néarctique comme synonyme différant du L. flavus
paléarctique.
Bioécologie. Polygyne. Cette fourmi se rencontre dans des habitats ouverts et plutôt secs tels que clairières, champs et pâturages, bordures de boisé, aires d’afforestation et parfois forêts ouvertes et sèches. Elle construit de grands nids dans le sol, parfois surmontés d’un petit monticule, souvent sous des pierres et autres débris, à la base de souches. Le nombre d’ouvrières des colonies varie selon les habitats; il peut s’élever à plusieurs dizaines de milliers en milieu favorable. Elle butine et chasse activement et exploite des troupeaux de pucerons radicicoles associés aux plantes herbacées. Répartition. Uniquement dans le sud du Québec. Fourmi connue dans les territoires de la rivière des Outaouais jusqu’à la région de Pontiac vers le Nord, de la rivière Richelieu jusqu’à la frontière sud, de la vallée du Saint-Laurent jusqu’à Baie-Comeau côté rive nord et le Bas-du-Fleuve côté rive sud, dans la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Répartition néarctique. Transcontinentale dans le sud du Canada. États-Unis sauf l’Alaska : nord-est jusqu’au nord des États du golfe du Mexique, North Dakota, à l’ouest de Washington au nord de la Californie. Lasius latipes
(Walsh 1863)
Diagnose.
Taille :
ergate 3,2 à 4,6 mm, gyne 7,0 à 8,5 mm. Ergates. De couleur jaune dense
à brunâtre. Corps vu de profil : surface dorsale couverte de
nombreux poils dressés longs; pubescence régulière et peu dense. Tête
en vue frontale : forme quadrangulaire, marges latérales et
postérieure faiblement incurvées; poils plus courts sur le front et
sans poils dressés sur les joues; scapes : apex 2,5 fois plus
large que la base, sans poils dressés et ne dépassant pas l’angle
occipital ou alors par une distance égale à la largeur de son apex;
yeux petits, moins de 70 ommatidies, ne touchant pas la marge latérale
de la tête. Palpes labiaux courts, à trois articles. Pattes :
fémurs avec poils dressés fins, assez longs sur les faces latérales,
absents sur les tibias. Propodéum vu de profil : compact et
peu incliné, jonction très arrondie des faces dorsale et postérieure.
Pétiole : épais et à sommet arrondi vu de profil; marge
dorsale convexe et entière en vue frontale. Gynes. Couleur variant du
brun pâle au brun foncé, appendices plus pâles. Extrémité apicale des
scapes 3,2 fois plus large que la basale. Yeux bombés, dépassant
faiblement les marges latérales de la tête. Pattes
antérieures : fémurs très larges et tibias plus robustes; les
deux paires suivantes de forme normale. Photos.
Bioécologie. Monogyne. Cette fourmi, peu connue au Québec, habite des forêts et des zones boisées plutôt ouvertes sur différents types de sol bien drainé et avec couvert herbacé. Elle construit son nid dans le sol, parfois surmonté d’un petit monticule ou sous roche. Pour se nourrir, des ouvrières butinent et chassent, alors que d’autres recueillent le miellat de pucerons radicicoles. Parasite social temporaire de Lasius americanus et L. neoniger. À
noter. Espèce déclarée vulnérable par l’Union Internationale pour la
Conservation de la Nature. Liste pour les fourmis à antwiki.org/wiki/Category:IUCN_Red_List.
Répartition. Présentement connue du sud-ouest, dans la région de Gatineau. Répartition néarctique. Transcontinentale dans le sud du Canada. États-Unis sauf l’Alaska : moitié nord avec extensions au sud dans l’Ouest et dans l’Est (Wing 1968). Lasius minutus
Emery 1839
Diagnose. Taille
petite : ergate 2,5 à 3,5 mm, gyne 4 à 5 mm. Ergates. De
couleur brun jaunâtre à brun foncé. Corps vu de profil :
pilosité dorsale dressée forte et longue, plus courte sur la tête;
pubescence régulière et courte, plus dense sur le gastre. Tête en vue
frontale : de forme quadrangulaire, en moyenne aussi large que
longue; scapes et faces latérales des tibias sans poils dressés.
Propodéum en vue latérale : jonction arrondie des faces
dorsale et postérieure. Pétiole : sommet mince et pointu en
vue frontale; marge dorsale avec des extrémités latérales arrondies et
une concavité médiane plus ou moins profonde; poils présents. Gynes. De
couleur brun fort uniforme, appendices plus pâles. Pilosité dorsale
dressée similaire, mais pubescence nettement moins abondante et plus
courte, en particulier sur le gastre, que celles des ergates. Photos.
Bioécologie. Cette fourmi fréquente divers habitats humides et semi-humides du domaine de l’Érablière laurentienne; érablières inondées au printemps, boisés divers, tourbières à sphaigne, champs marécageux; on la rencontre très rarement dans des milieux plus secs. Elle construit des monticules de terre pouvant atteindre une hauteur de plus d’un mètre sur une base circulaire de 1,5 mètre en diamètre; une végétation variée va progressivement les recouvrir (voir Galerie). Diverses données d’inventaires en Montérégie (un merci particulier à Nature-Action-Québec pour les échantillons et les photos- https://nature-action.qc.ca) ont révélé qu'une colonie peut construire et occuper un à trois monticules. Ces structures les protègent lors d’inondations printanières. Un monticule abandonné peut être utilisé par quelques espèces du groupe Formica fusca. On voit rarement cette fourmi en surface à cause d’une vie essentiellement endogée, sauf durant la période d’essaimage des reproducteurs. Ainsi, bien protégée, elle entretient des troupeaux de pucerons et de cochenilles radicicoles qui s’alimentent de la sève des plantes; ceux-ci produisent un miellat qui est récolté par les ouvrières. En retour, elles les protègent des parasites et des prédateurs. L'épithète minutus fait référence à la taille exceptionnellement petite de la gyne pour une Lasius. Pour fonder sa propre colonie, elle doit s'infiltrer dans un nid d'espèces du sous-genre Lasius telles que L. americanus et L. pallitarsis. Cette dépendance parasitaire temporaire constitue un facteur limitatif de dispersion. Elle est aussi l’hôte temporaire de L. speculiventris, un superparasite social, rarement collecté. Cette espèce n'a pas été beaucoup étudiée jusqu'à présent au Québec. Ses colonies sont certainement sporadiques comme les milieux qu’elle utilise. Ses préférences écologiques limitent sa répartition et ses populations. Il s'agit donc d'une espèce peu abondante par opposition à une espèce dite commune, donc potentiellement en danger au Québec. La disparition des milieux humides de la vallée du Saint-Laurent, une aberration écologique qui déstabilise les écosystèmes, lesquels sont régulièrement asséchés, aménagés, transformés et occupés au profit de l’agriculture et de l’urbanisation, ce qui contribue à réduire son territoire et ses populations. On peut la classer comme vulnérable à cause de sa dépendance aux milieux humides. Répartition. Sud du Québec. Espèce présentement connue dans les territoires de la vallée du fleuve Saint-Laurent, de la ville de Québec à Montréal, et en Montérégie; à découvrir plus à l’est dans la vallée et plus au sud dans les Appalaches. Ces données de répartition indiquent qu'elle habite le domaine de l'Érablière laurentienne, la limite nord de son territoire, le biome de la forêt décidue tempérée de l’Est du continent. Répartition néarctique. Sud-est du Canada. Est des États-Unis jusqu’en Indiana (Ellison et al. 2012). Lasius nearcticus
Wheeler 1906
Diagnose. Taille : ergate 2,9 à 3,9 mm, gyne 5,5 à 8 mm. Ergates. De couleur jaune pâle à orangée, mésosome parfois plus pâle. Corps vu de profil : surface dorsale avec poils dressés peu abondants et courts, plus longs sur le clypéus et sur le promésonotum; pubescence régulière et peu dense, plus longue sur les joues. Tête en vue frontale : forme subquadrangulaire, marges latérales et postérieure peu incurvées; mandibules jaune sombre avec des dents brun foncé; scapes longs, dépassant largement l’angle occipital par une longueur égale aux deux premiers articles du funicule; scapes sans poils dressés; yeux plats et petits de taille variable, forme ovale plus allongée et étroite que celle de L. brevicornis. Palpes labiaux courts, à quatre articles. Pattes : fémurs et tibias sans poils dressés, parfois quelques-uns courts sur la face postérolatérale des fémurs. Pétiole : marge dorsale convexe en vue frontale. Gynes. De couleur brun franc, appendices plus pâles. Tête trapézoïdale et proportionnellement large, pourtour incurvé. Pubescence dense et parfois touffue sur les scapes. Yeux composés bombés et dépassant les marges latérales de la tête et trois ocelles petits. Photos. Bioécologie. Monogyne. Cette fourmi habite des milieux forestiers denses et humides : érablières et chênaies variées ou mixtes (pins, épinettes), hêtraies, pinèdes et aires de transition route-forêt. Le nid comprend des galeries et chambres creusées dans le sol sous-jacent à la litière, sous roche ou bois mort, sans indice de construction en surface. Ses colonies peuvent atteindre plusieurs milliers d’individus. Sa vie essentiellement endogée explique qu’on l’aperçoive très rarement en surface, à moins de soulever des roches ou de fouiller sous la litière. Elle se nourrit du miellat produit par des pucerons radicicoles qu’elle entretient; il est plausible qu’elle chasse aussi dans la litière. Une espèce peu étudiée jusqu’à maintenant. Répartition. Espèce présente uniquement au sud du Québec et associée au domaine de l'Érablière, limite nordique de son territoire. Connue dans les territoires de la rivière des Outaouais jusqu’à la région de Pontiac (Rapides-des-Joachims), de la rivière Richelieu jusqu’à la frontière sud, de la vallée du Saint-Laurent jusqu’à Baie-Comeau (rive nord) et le Bas-du-Fleuve (rive sud), et de la région Saguenay—Lac-Saint-Jean. Limite à préciser vers l’est. Répartition néarctique. Sud-est du Canada. États-Unis : biome de la forêt décidue à l’est, connue vers l’ouest dans les États : Michigan, Dakota, Wyoming et Colorado (Coovert 2005). Lasius neoniger
Emery 1893
Diagnose. Taille petite : ergate 2,0 à 3,6 mm; gyne 6,8 à 7,5 mm. Ergates. De couleur brun pâle à foncé, appendices plus pâles. Corps vu de profil : surface dorsale avec poils dressés un peu abondants et courts, plus denses sur le gastre; pubescence dense en particulier sur la tête et le gastre. Tête en vue frontale : plus longue que large, faiblement arrondie; pilosité visible sur le pourtour; marge antérieure du clypéus anguleuse; yeux de grande taille touchant les marges latérales; scapes dépassant largement l’angle occipital par une longueur égale aux deux premiers articles du funicule, muni de poils dressés fins et généralement abondants (pour les détecter, il est parfois nécessaire de faire varier l’angle d’observation sous la loupe). Palpes labiaux courts, à quatre articles. Pattes : fémurs et tibias avec poils dressés ou semi-dressés. Propodéum en vue latérale : face dorsale très courte, jonction courtement arrondie avec la face déclive. Pétiole de petite taille : sommet pointu en vue latérale; moitié supérieure de forme presque carrée, marge dorsale à angles latéraux arrondis et reliés par une ligne droite ayant une impression centrale d’échancrure en vue frontale; poils présents. Gynes. Corps brun franc uniforme, appendices plus pâles. Pilosité dorsale courte et assez abondante, pubescence régulière. Tête trapézoïdale et très large, yeux bombés, dépassant les marges latérales de la tête; trois ocelles globuleux. Photos. Bioécologie. Monogyne. Cette fourmi commune préfère les habitats mésiques et ouverts : prairies et champs divers ou cultivés, pâturages, friches, boisés appauvris, forêts primaires (érablières, pinèdes), dunes et plages de sable (écotones), bien adaptée aux milieux graveleux (bordures de route et de voies ferrées), rudéraux et anthropiques. Les nids sont creusés dans des sols plutôt pauvres, généralement avec une entrée entourée de déblais de creusage accumulés sous la forme d’un cratère d’un diamètre moyen de 2 à 3 cm, sinon sous troncs, roches, trottoirs, rues asphaltées, gazons et tuiles ou dans plates-bandes de terrains de ville et de campagne. L’étendue du territoire souterrain occupée par une colonie est marquée par le nombre de cratères de déblais en surface; ces derniers disparaissent en partie et de nouveaux apparaissent quand l’espace souterrain contrôlé par la colonie est modifié pour réduire la compétition en surface (Traniello & Levings 1986). Les colonies peuvent comprendre des milliers d’ouvrières qui butinent et chassent de jour ou de nuit en période de chaleur. Son régime alimentaire est similaire à celui de L. americanus avec laquelle elle est partiellement en compétition; elle peut causer les mêmes dommages et nuisances que cette espèce (Smith 1965, Francoeur 2020). Sa présence peut signaler un milieu caractérisé par une végétation herbacée réduite et affaiblie, suite à une surexploitation, par exemple d’une bleuetière (données inédites). L’essaimage des reproducteurs se déroule d’août à septembre par temps chaud. La nouvelle reine creuse un gîte dans le sol où elle va hiverner jusqu’au printemps suivant, et alors démarrer la ponte des œufs (Smith 1965). Hôte des gynes parasites temporaires des espèces Lasius aphidicola et L. subumbratus. Répartition. Générale dans le sud du Québec. Peu de données à l’Est. Répartition néarctique. Sud du Canada : connue du Québec à la Colombie britannique. État-Unis : connue du Nord-Est, États du centre, sud des Rocheuses (Ellison et al. 2012). Lasius pallitarsis
(Provancher 1881)
Diagnose. Taille plus grande : ergate 3,0 à 4,5 mm, gyne 7,1 à 8,7. Ergates. De couleur brun jaunâtre plus ou moins foncé, appendices plus pâles. Corps vu de profil : surface dorsale avec poils dressés de longueur et d’abondance moyennes; pubescence régulière. Tête en vue frontale : pilosité visible sur le pourtour, pubescence plus longue sur les joues; scapes dépassant largement l’angle occipital par une longueur égale aux trois premiers articles du funicule. Scapes et pattes munis de poils dressés gris pâle, courts, fins et abondants. Palpes labiaux courts, à quatre articles. Pétiole : vu de profil mince et pointu; en vue frontale, sommet avec des angles arrondis et moitié médiane droite avec parfois une faible échancrure. Propodéum en vue latérale : jonction courtement arrondie de la face dorsale avec la face déclive. Gynes. Corps brun, appendices pâles. Tête large. Yeux bombés, bordant les faces latérales de la tête. Trois ocelles globuleux. Photos. Bioécologie. Monogyne et polygyne temporaire. Cette fourmi affiche une valence écologique importante, s’accommodant d’une grande variété d’habitats et de micromilieux. On la retrouve naturellement en forêts (érablières diverses, chênaies), champs, pâturages, promontoires rocheux, tourbières, marais et leurs bordures; une espèce caractéristique des érablières à sucre (Francoeur 1966). Mais le vaste développement des milieux anthropiques, en particulier urbains et routiers, lui a permis de s’adapter et de prospérer avec succès dans ces nouveaux habitats. Elle creuse son nid dans divers types de sol, de minéral à organique, plus rarement dans le bois mort, avec couvert ou dénudé, sous roche, créant parfois monticule ou plage de terre, sous mousses. Ses colonies peuvent atteindre des dizaines de milliers d’individus. Omnivore opportuniste, elle exploite surtout les pucerons et les coccides des arbres; durant la belle saison, on peut voir sur des troncs d’arbre deux colonnes parallèles d’ouvrières : l’une monte vers les branches feuillues et l’autre redescend, en route vers le nid, avec un gastre fortement distendu par la récolte de miellat dans leur jabot. Hôte temporaire des espèces Lasius minutus, L. aphidicola et L. subumbratus. Lasius pallitarsis se révèle, semble-t-il, la fourmi la plus populeuse en nombre d’individus dans la moitié sud du Québec. Deux facteurs expliquent ce phénomène : la grande taille de son gastre qui en fait une pondeuse prolifique et sa grande plasticité écologique. L’énorme production de reproducteurs en milieux transformés ou aménagés par le « Bipède » occasionnent souvent de spectaculaires essaimages en fin d’été ou en début d’automne, selon les conditions météorologiques. Ils se rassemblent souvent en denses colonnes verticales, ressemblant de loin à un petit nuage pouvant obscurcir le soleil en se déplaçant dans un ciel bleu sans nuages, grâce à une légère brise. J’ai pu voir un tel phénomène lors d’une randonnée familiale à Bagotville (fusionnée à ville de Saguenay depuis); lors de son passage au-dessus de notre point d’observation, à la mi-hauteur d’une colline, la voiture fut couverte de reines et de mâles dont plusieurs accouplés. Autre type d’essaimage massif : rassemblement à quelque cinq mètres au-dessus du sol, tout le long d’une route bordée de champs, observé sur une dizaine de kilomètres de la route 172, avant d’arriver à Sainte-Rose-du-Nord (Saguenay). Phénomène aussi observé dans l’est de l’Ontario, sur l’autoroute 401 sous l’ancien nom L. sitkaensis (Corbet & Ayre 1968). À la ville de Québec, la colline du Parlement et les Plaines d’Abraham sont occupées par cette fourmi endogée que l’on peut voir lorsque les ouvrières ouvrent des trous en surface pour que les reproducteurs puissent s’envoler. Un grand essaimage en ville offre un festin aux oiseaux, en particulier aux goélands, que l’on voit alors tournoyer en altitude, le bec grand ouvert pour les rafler. De retour au sol, les reines s’enlèvent les ailes et cherchent un endroit favorable pour creuser une cavité, puis amorcer la ponte des oeufs; parfois, quelques-unes se regroupent pour fonder une colonie (pléométrose); mais, l’arrivée des ouvrières provoque des combats entre elles et une seule survivra (Hölldobler & Wilson 1990). Répartition. Générale dans le sud du Québec, jusqu’en Abitibi-Témiscamingue à l’ouest. La limite nord de son territoire rejoint l’écotone vers la forêt boréale (Francoeur 2001). D’abord associée au domaine de l’Érablière, elle occupe en outre les habitats ouverts des rives et des îles du fleuve Saint-Laurent et les bordures des rivières qui s’y jettent, de même que les Îles de la Madeleine. Répartition néarctique. Transcontinentale dans le sud du Canada. États-Unis : à l’est jusqu’au sud des Appalaches, États du centre nord, du sud-ouest de l’Alaska jusque dans les montagnes de la Californie (Ellison et al. 2012). Lasius sp. (réf. niger Linnée 1758)
Diagnose. Taille : ergate 3 à 5 mm, gyne 7 à 10 mm. Ergates. De couleur brune à brun noirâtre, appendices en partie pâles. Corps vu de profil : surface dorsale avec poils dressés de longueur moyenne, plus longs sur le promésonotum; pubescence régulière, plus dense sur le gastre. Tête en vue frontale : marges latérales faiblement incurvées, moitié médiane de la postérieure droite, angles occipitaux largement arrondis, poils dressés et surtout semi-dressés visibles sur le pourtour; marge antérieure du clypéus convexe; yeux de grande taille proches des marges latérales; scapes dépassant l’angle occipital d’une longueur égale aux deux premiers articles du funicule, recouverts de poils dressés et semi-dressés nombreux, fins et courts. Palpes labiaux courts, à quatre articles. Pattes : fémurs et tibias recouverts de poils dressés ou semi-dressés nombreux. Propodéum en vue latérale : surface dorsale courte, jonction anguleuse ou courtement arrondie avec la face déclive. Pétiole : vu de profil, plutôt mince et sommet pointu; en vue frontale : étroit, verticalement rectangulaire et marges latérales convergentes au sommet, marge dorsale faiblement arrondie avec ou sans une petite échancrure; poils présents. Gyne : brun foncé uniforme, appendices pâles. Pilosité dorsale courte. Pétiole plus large avec une échancrure plus grande. Photos. Bioécologie. Monogyne. Cette espèce a été trouvée jusqu’à présent dans les habitats ou biotopes suivants : boisés de feuillus ouverts, en régénération ou dégradés, et les bordures de leurs routes, champs, marais, terrains de résidence, trottoirs de ville, vergers abandonnés, donc le plus souvent dans des milieux anthropiques ou rudéraux. Les nids sont creusés dans le sol (terre ou sable) sans traces importantes en surface (Shik et al. 2005) ou bien surmontés d’un monticule d’une hauteur moyenne de 0,6 m, de forme plus ou moins cylindrique et enveloppés d’herbes (voir Galerie). Dans ce dernier cas, les ouvrières sont très agressives, comme le Lasius niger d’Europe et la colonie comprend quelques milliers d’individus. Les colonies sans monticule contiennent moins d’individus, lesquels ne sont pas agressifs. Cette espèce exploite des pucerons vivant sur des plantes herbacées, des arbustes et des arbres. À
noter. La présente diagnose repose uniquement sur des spécimens
collectés au Québec, lesquels semblent correspondre à ceux de la
colonie découverte en Nouvelle Angleterre (Ellison et al. 2012). Les
spécimens de l’Est du continent diffèrent en partie de ceux de
l’extrême Ouest (Wilson 1955, Antweb 2021b). Schär et al. (2017), ont
conclu que les populations de la région Néarctique, identifiées
jusqu’alors à l’espèce européenne Lasius
niger, représentent une espèce
différente qui reste à décrire.
Les connaissances limitées actuelles sur les populations néarctiques, en particulier de l’Est, suscitent deux interrogations (Francoeur 2005) : existe-t-il seulement une espèce indigène en Amérique du Nord? L’espèce européenne aurait-elle été introduite en plus? Une analyse approfondie alliant morphologie, biométrie, bioécologie, biogéographie et génétique apparaît nécessaire pour déterminer les limites taxinomiques de ces populations. Répartition. Sud du Québec. Données limitées aux îles de Montréal et de Laval, et à la Montérégie. Spécimens collectés dans les villes suivantes : Laval (Boisé Papineau), Montréal, Saint-Bruno-de-Montarville (en montagne), Mont-Saint-Hilaire (en montagne), Sainte-Catherine (Laprairie), Varennes. Répartition néarctique. Canada : identifiée au Nouveau-Brunswick, Québec et Alberta. États-Unis : au Massachusetts (Ellison et al. 2012), divers États dans l’Ouest (Wilson 1955, Mackay & Mackay 2002). Lasius speculiventris
Emery 1893
Diagnose. Taille : ergate 2,0 à 4,0 mm, gyne 4,5 à 7,0 mm. Ergates. De couleur jaune à brun orangé. Corps vu de profil : surface dorsale avec poils dressés fins et dispersés, de longueur courte à moyenne; pubescence de densité variable. Tête en vue frontale : forme subquadrangulaire, marges latérales faiblement incurvées, la postérieure droite; poils dressés visibles sur le pourtour, présents sur la face ventrale; joues couvertes de poils subcouchés, assez longs et robustes, parfois courbés, bien distancés; scapes dépassant l’angle occipital par une longueur égale à celle du premier article du funicule, sans poils dressés; pubescence courte, dense et en partie soulevée. Palpes labiaux courts, de quatre articles. Pattes : fémurs et tibias avec poils dressés très fins, courts et variables en nombre, répartis sur la face latérale postérieure, parfois plus concentrés sur sa marge ventrale (visibles en vue dorsale des fémurs et en variant la mise au point); pubescence dense. Pétiole : en vue latérale sommet mince; en vue frontale, côtés convergents au sommet, marge dorsale à angles latéraux arrondis et reliés par une petite échancrure médiane; poils présents. Gastre : lisse et luisant (individus vivants ou spécimens récents en collection), pour la pilosité et la pubescence, voir la clé; marge postérieure des tergites 1 à 4 avec poils dressés courts et accompagnés d’une micropubescence. Gyne. Corps brun franc à noirâtre, appendices brun jaunâtre, voire orangés; gastre très luisant et sans poils pubescents, poils semidressés courts présents sur la marge postérieure des tergites. Photos. Une espèce ressemblant morphologiquement à Lasius aphidicola, mais s’en distinguant par les caractéristiques du gastre et la pilosité plus dense et plus courte de la tête et des appendices. À
noter. L’espèce
décrite par Wilson (1955) inclut une pilosité d’une variété extrême en
taille et en abondance. Les spécimens du Québec ne correspondent pas
aux types du New Jersey selon les photos du Antweb (2021 casent0103508
et casent0103509). Ils partagent plutôt une pilosité réduite, semblable
à celle de spécimens provenant du Michigan et de l’Ontario. Selon les
patrons reconnus comme distinctifs chez les Formicines, il semble que
le concept traditionnel de ce taxon inclurait plus d’une espèce. Le nom
Lasius
speculiventris est maintenu en attendant qu’une étude
approfondie alliant les données de morphologie qualitative et
quantitative (biométrie), d’écologie et de génétique en détermine les
limites spécifiques.
Bioécologie. Monogyne. Un parasite social temporaire de L. minutus, un cas rare de super-parasitisme dans le monde des fourmis. Une espèce peu étudiée parce que rarement collectée jusqu’à maintenant, mais probablement assez rare selon ses préférences socio-écologiques. Elle habite les mêmes milieux humides que son seul hôte connu : forêts feuillues diverses ou mélangées et inondées au printemps, pâturages, cédrières, tourbières et marécages. Elle niche dans le sol souvent surmonté d’un monticule ou sous roche, dans le bois pourri et dans la mousse (sphaigne). On suppose que son régime alimentaire serait similaire à celui de son hôte. Répartition. Sud du Québec. Présente dans : la vallée de la rivière Richelieu, la Montérégie, la région de Québec et celle du Saguenay. Une espèce sporadiquement collectée, associée au domaine de l’Érablière, limite nord de son territoire connu, le biome de la forêt décidue de l’Est du continent. Répartition néarctique. Canada : repérée au sud du Québec et de l’Ontario. États-Unis : États du nord-est jusqu’aux Grands Lacs (Ellison et al. 2012). Lasius subglaber
Emery 1893
Diagnose. Taille : ergate 2,5 à 4,1 mm, gyne 5,5 à 7,2 mm. Ergates. De couleur jaune orangé ou brun orangé. Corps vu de profil : pilosité dorsale moyennement abondante et éparse, courte sur la tête et plus longue sur le mésosome, le pétiole et le gastre; pubescence courte et peu abondante, plus dense sur les deux premiers tergites du gastre. Tête en vue frontale : forme quadrangulaire, marges latérales peu incurvées et sans poils dressés, l’occipitale droite; poils dressés sur le tiers postérieur des faces dorsale et ventrale (vue latérale); joues avec poils subcouchés, droits ou courbés, rapprochés sur les joues; scape des antennes : apex 2,5 fois plus large que la base, sans poils dressés, pubescence un peu touffue, dépassant l’angle occipital par une longueur égale ou inférieure à la largeur de son apex; yeux petits, moins de 60 ommatidies, ne touchant pas la marge latérale de la tête. Palpes labiaux courts, à trois articles. Pattes : sans poils dressés sur les fémurs et sur les tibias, parfois quelques-uns sur la face postérieure des deux premiers fémurs. Propodéum vue de profil, compact et peu incliné, jonction longuement arrondie des faces dorsale et postérieure. Pétiole : mince et obtus au sommet vu de profil; marge dorsale à angles arrondis et, le plus souvent, avec une petite échancrure médiane en vue frontale. Gynes. Corps brun à brun foncé. Extrémité apicale des scapes 3,2 fois plus large que la basale. Yeux bombés, dépassant faiblement les marges latérales de la tête. Trois gros ocelles. Photos. Bioécologie. Monogyne. Cette fourmi, qui demeure peu étudiée, préfère divers habitats ouverts : boisés de feuillus ou mélangés, arbustaies, clairières, promontoires rocheux avec végétation. Elle construit ses nids dans divers types de sol (terreux, sablonneux et organiques), sous roche ou petit monticule ou mousses, et dans le bois mort. Elle aurait le même régime alimentaire que Lasius latipes et, comme les autres espèces du sous-genre Acanthomyops, serait un parasite social temporaire d’au moins une espèce du sous-genre Lasius. Répartition. Sud du Québec : associée au domaine de l’Érablière. Connue sporadiquement dans les lieux suivants : Gatineau, Saint-Pierre (Franklin - Châteauguay), Réserve écologique du Pin rigide (très abondante), Mont Saint-Hilaire (Shik et al. 2005), Saint-Fidèle (Charlevoix), Cap-Jaseux (Saguenay). Répartition néarctique. Sud du Canada : connue de l’Alberta au Nouveau-Brunswick. États-Unis : des Dakota Nord et Sud jusqu’à la Nouvelle-Angleterre et au sud jusqu’à la Georgie (Ellison et al. 2012). Lasius subumbatus
Viereck 1903
Diagnose. Taille : ergate 2,8 à 4,5 mm, gyne 6,0 à 7,6 mm. Ergates. De couleur jaune franc à rougeâtre ou brunâtre, appendices plus pâles. Corps vu de profil : surface dorsale avec poils dressés ou semi-dressés dominants, de moyenne longueur, assez abondants pour former des touffes sur le mésosome; pubescence régulière, peu dense sur la surface luisante du gastre. Tête en vue frontale : poils dressés plus courts au centre de la tête, plus longs sur la marge postérieure, très courts et fins sur les côtés et la face ventrale; pubescence régulière et courte; yeux de taille moyenne composés d’environ une centaine d’ommatidies, scape des antennes dépassant l’angle occipital par une longueur égale aux deux premiers articles du funicule, avec une pubescence dense et souvent hirsute. Palpes labiaux courts, de quatre articles. Pattes : fémurs le plus souvent pourvus de poils gris semi-dressés, courts et peu nombreux, tibias ayant une pubescence dense. Pétiole : vu de profil, sommet mince et aigu; en vue frontale, marge dorsale arrondie et le plus souvent avec une petite échancrure; présence de poils. Gynes. De couleur brun rougeâtre à orangé, appendices plus pâles. Tête en vue frontale : yeux composés bombés, dépassant les marges latérales; trois ocelles globuleux; marge occipitale de la tête faiblement concave. Mésosome et gastre couverts de très longs poils semi-dressés. Photos. Bioécologie. Monogyne. Cette fourmi fréquente des forêts feuillues ou mixtes et des boisés ouverts, des champs de campagne et les milieux anthropiques urbains et industriels ou rudéraux. Peu souvent repérée en surface, près de la moitié des échantillons concernent des gynes au sol après essaimage. Elle creuse ses nids dans le sol sous litière, végétation basse et roche, ou dans le bois mort (tronc et souche). Elle se nourrit vraisemblablement surtout de miellat. Un parasite social temporaire dont la reine fécondée s’introduira dans une colonie de Lasius pallitarsis ou de L. neoniger, puis en tuera la reine et pondra ses premiers œufs dont s’occuperont les ouvrières orphelines. Répartition. Sud du Québec. Connue sporadiquement dans la vallée entière du fleuve Saint-Laurent, jusqu’à Sept-Îles sur la rive nord, la Gaspésie du côté sud, au Saguenay et dans les Îles de la Madeleine. Répartition néarctique. Transcontinentale au sud du Canada. États-Unis : de la Nouvelle-Angleterre jusqu’à l’Ouest dans les États nordiques, puis vers le sud dans l’Orégon et les montagnes des États Nevada, Arizona et Nouveau-Mexique (Coovert 2005).
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