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Cette sous-famille
s’avère la plus diversifiée en
nombre aussi bien de genres que d’espèces. Les régions Paléarctique et
Néarctique comptent chacune 31 genres dont un et huit endémiques
respectivement (Bolton 1994). Il n’est donc pas surprenant que les
Myrmicines comprennent le plus grand nombre de genres, soit 15 sur un
total de 24 dans la myrmécofaune du Québec. Quant au nombre d'espèces,
on a recensé jusqu’à présent 48 espèces; cette sous-famille occupe
ainsi le deuxième rang, après les Formicines.
Diagnose. femelles. Ergates. Monomorphiques ou polymorphiques; taille variant de 1 à 18 millimètres selon les espèces et la forme individuelle. Tégument en général fortement chitinisé et très sculpté. Front : de dimensions diverses, délimité par des carènes frontales simples ou diversement développées en crêtes et lamelles pouvant recouvrir au moins partiellement l’insertion des antennes. Partie médiane du clypéus s’étendant postérieurement entre les carènes frontales. Antennes de 10 à 12 articles, avec ou sans massue. Yeux composés présents, parfois minuscules. Ocelles absents sauf, parfois, chez des intermorphes. Palpes buccaux variant en taille et en nombre d’articles. Dorsum du mésosome vu de profil, souvent déprimé après le mésonotum; pronotum et mésonotum fusionnés sans suture visible et immobiles l’un par rapport à l’autre. Propodéum ayant le plus souvent une paire d’excroissances dorsales en position postérieure, ainsi que des lamelles ou lobes postérobasaux. Pédicelle à deux segments, le pétiole et le postpétiole. Aiguillon présent, en général bien développé et fonctionnel. Orifice pygidial du gastre en forme de fente. Gynes. Plus grandes que les ergates. Yeux composés plus grands, accompagnés de trois ocelles sur le vertex de la tête. Thorax très développé. Présence de deux paires d’ailes à l’émergence. Pédicelle à deux segments. Gastre plus volumineux. mâles. Corps noirâtre, plus petit ou aussi grand que la gyne. Antennes ayant un article de plus que celles des femelles. Yeux composés et ocelles de forte taille. Pédicelle à deux segments. nymphes. Corps nu et blanc; imago incapable d’émerger sans aide. Les genres appartenant aux Myrmicines se distinguent facilement de tous les autres par un pédicelle composé de deux segments appelés respectivement pétiole et postpétiole, alors qu’il comprend un seul segment, en l'occurrence le pétiole, dans le cas des représentants des quatre autres sous-familles (voir clé des sous-familles). Même si le gastre des femelles est pourvu d’un aiguillon comme chez les guêpes, ces fourmis ne sont pas assez grandes ou assez fortes pour nous piquer réellement, sauf, paraît-il, l’espèce Myrmica americana, dans le sud du Québec. Selon mon expérience de terrain, la seule espèce qui peut infliger des douleurs semblables à une piqûre de guêpe est Myrmica rubra. Bien que la présence de Protomognathus americanus n’ait pas encore été détectée au Québec, je l’ai incluse dans la liste parce que Temnothorax longispinosus, l’une des espèces utilisées par cette fourmi « esclavagiste » (Hölldobler & Wilson 1990, Passera & Aron 2005), s’avère fréquente dans le sud-ouest. Les genres Monomorium et Pheidole sont représentés chacun uniquement par des espèces introduites selon les données actuelles. Pour d’autres genres, la probabilité de la présence d’espèces actuellement connues en périphérie de la frontière sud vers la Nouvelle-Angleterre et de la frontière ouest vers l’Ontario est aussi signalée. L’habitus ou allure générale de chaque genre peut facilement s’apprivoiser par le profil du corps d’une espèce typique. Une fois que l'on s'est familiarisé avec ces habitus, il devient possible de reconnaître généralement un genre sur le terrain ou à partir d’une photographie significative. Par ailleurs, l’identification à l’espèce s’avère souvent une histoire plus exigeante si l’on veut atteindre un niveau de certitude valable. Ces insectes vivent en colonies comprenant de quelques dizaines à plusieurs milliers d’individus selon les genres et les espèces. Ces chiffres indiquent une valeur moyenne caractéristique pour un nid, car le nombre d’individus varie avec l’âge de la colonie. Leurs colonies occupent, avec des densités très variables, à peu près tous les types de biotopes terrestres se rencontrant de la frontière des États-Unis, au sud, jusqu’à la limite de la forêt boréale, au nord (Francoeur 1983). Le nombre de genres et d’espèces diminue le long de ce gradient sud-nord (Francoeur 2001). Parmi les espèces parasites associées à une colonie hôte, deux indigènes et une introduite ne produisent pas d’ergates : Myrmica lampra et M. quebecensis (Francoeur 1981), Anergates atratulus (Francoeur & Pilon 2011). CONTROVERSE
TAXINOMIQUE. Ward et
al. (2015) proposent de synonymiser certains genres
d’espèces parasites ou esclavagistes de Myrmicines (Anergates, Harpagoxenus et Protomognathus pour
le Québec) aux genres des espèces qu’elles exploitent. Cette synonymie
repose sur la base des données moléculaires visant à comprendre leurs
hypothétiques relations phylogénétiques. Cette proposition apparaît
incompatible logiquement, à ce niveau taxinomique, parce que s’opposant
à la réalité biologique actuelle. En effet, ces espèces présentent à la
fois une morphologie spécialisée ainsi qu’un mode de vie nettement
différents de ceux des espèces qu’elles exploitent. Ces spécialisations
biologiques résultent de divergences évolutives significatives que l’on
reconnaît par des genres différents. Ce niveau de
classification ne s’oppose aucunement à reconnaître une relation de
descendance à partir d’ancêtres communs, disparus depuis longtemps. Par
contre, une telle synonymisation équivaut à émonder la réalité actuelle de
ramilles divergentes dans l’arbre phylogénétique. Par ailleurs, il
existe aussi des genres qui incluent des espèces parasites, comme le
genre Myrmica.
Ainsi, les espèces Myrmica
lampra et M.
quebecensis, parasites qui ne produisent pas d’ergates,
affichent les caractéristiques qui identifient et distinguent ce genre.
Cela indique clairement dans la classification que leur divergence
spécifique n’a pas atteint le niveau d’évolution d’une divergence de
genre.
Un groupe de myrmécologistes européens a produit un argumentaire plus détaillé et technique pour rejeter les synonymies proposées (Seifert et al. 2016). Je partage donc leur position et la clé qui suit conserve les genres d’espèces parasites. CLÉ DES GENRES
SELON LES FEMELLES À noter. Cette clé
permet d’identifier aussi bien les ergates que les gynes grâce à des
caractères partagés. Quelle que soit la taille de l’espèce, la gyne est
toujours plus grande que l’ergate avec un thorax plus développé pour
actionner une paire d’ailes, de même pour ses yeux composés; en plus,
présence de trois ocelles. L’appareil buccal inclut deux paires de
palpes de
longueur variable et formés d’un nombre différent de pièces
appelées articles : une première paire reliée aux maxilles et une
deuxième au labium;
le nombre respectif d’articles est indiqué dans
l’ordre par la formule suivante 4-3. En cliquant sur le nom du genre,
on accède à la page correspondante lorsque disponible.
Version 2 - Juin 2020
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