Le leste armé (Lestes
forcipatus) : pontes en tandem.
Le mâle du caloptéryx bistré (Calopteryx
maculata)
vole au-dessus d'un groupe de femelles pendant que celles-ci pondent.
Sans contact physique, il les protège contre les intrus qui pourraient
les déranger. On appelle ce comportement le vol de garde ou de
surveillance.
Masque de la naïade de l’æschne domino (Æshna interrupta).
Ci-dessus, quatre instants de l'émergence de la
leucorrhine glaciale (Leucorrhinia
glacialis).
Une naïade de gomphe sort de l'eau et mue,
ci-dessous.
L'émergence.
L'anax précoce (Anax
junius) : ponte en tandem. |
Les odonates sont
des insectes à métamorphose
incomplète (hémimétaboles), c’est-à-dire que leur cycle vital se fait
en trois étapes
différentes : l’œuf, la naïade (nymphe adaptée à la vie aquatique) et
l’adulte (imago adapté à la vie aérienne).
L'œuf
Les œufs, relativement petits par rapport à la taille
de l’adulte, sont produits en grand nombre : quelques
centaines chez les petites espèces à
quelques
milliers chez les grandes espèces.
Les femelles des zygoptères et des æshnides, qui possèdent un
oviscapte,
insèrent leurs œufs dans le tissu des végétaux aquatiques. Chez les
autres familles d’anisoptères qui ne possèdent pas d’oviscapte, ils
sont déposés directement dans l’eau, sur un sol humide ou sur un tapis
végétal.
Le développement embryonnaire peut durer quelques jours à quelques
semaines pour certaines espèces voire plusieurs mois pour celles dont
l’éclosion des pronaïades (naïades inactives et emmaillotées) se fait
au printemps suivant la ponte.
La naïade
Les naïades possèdent une structure buccale unique chez les insectes :
le « masque ». Il s’agit en fait du labium qui est articulé et muni
d’une paire de crochets sur sa partie antérieure. Au repos, il est
replié sous la tête et la partie antérieure du thorax. Elles utilisent
ce masque pour capturer leurs proies en le projetant rapidement vers
l’avant.
Les zygoptères et les æshnides ont des naïades errantes; elles vivent
librement dans l’eau en s’accrochant à la végétation aquatique. Les
naïades des cordulides, rampantes, se tiennent au fond de l’eau, à demi
enfouies ou partiellement recouvertes d’algues. Les gomphides ont des
naïades fouisseuses; elles vivent dans les sédiments de leur habitat.
La vie aquatique dure, selon les espèces, de quelques mois à trois ou
quatre ans. À la fin de sa croissance, la naïade se métamorphose et
quitte son milieu
aquatique à la recherche d’un support aérien convenable pour effectuer
sa dernière mue et ensuite prendre son envol : c’est
l’émergence.
La vie adulte
Le jour de l’émergence, la vie adulte commence par un
état de fragilité,
de vulnérabilité et d’immaturité sexuelle : c’est le stade ténéral
durant lequel les adultes, au tégument mou, décoloré et luisant, ont un
vol faible.
Les libellules entreprendront par la suite une période de maturation
sexuelle variable selon les espèces. Les petites espèces resteront
généralement près
des milieux aquatiques. En revanche, pour les grandes espèces, cette
maturation se fera souvent loin de l’habitat qui les a vues naître. À
ce
stade de leur développement, elles peuvent être rencontrées dans les
espaces
dégagés, dans les clairières ou en marge des forêts, en train de
chasser
leurs proies ou se reposer au soleil.
Lorsque les adultes ont atteint leur maturité sexuelle, ils reviennent
près des
milieux aquatiques pour entreprendre leur période de reproduction. Les
mâles de plusieurs espèces sont territoriaux et défendront
énergiquement leur territoire. Certains feront leur patrouille pendant
une période assez longue, d’autres se percheront sur un support bien en
vue qu’ils quitteront pour capturer une proie ou pour pourchasser un
intrus pénétrant dans leur territoire. Les femelles fréquentent les
milieux
aquatiques lorsqu’elles sont prêtes pour pondre.
L’accouplement
L’accouplement chez les libellules est unique dans le
monde des
insectes. Quand un mâle d’anisoptère a repéré une femelle, il la saisit
derrière la
tête à l’aide de ses appendices préhenseurs situés à l’extrémité de son
abdomen. Les
deux partenaires voleront en tandem. Selon l’espèce, le mâle
transférera,
avant ou après la saisie de la femelle, son sperme de l’extrémité de
son
abdomen dans ses organes génitaux secondaires situés à la partie
ventrale de son deuxième segment abdominal. Lorsque la femelle accepte
le mâle, elle recourbe son abdomen pour mettre en contact son orifice
génital avec l’appareil copulateur du mâle.
Les deux partenaires forment alors par leur union un « cœur
copulatoire ».
Avant de passer son sperme, le mâle nettoiera les voies
génitales de la femelle. Chez plusieurs espèces, les partenaires
restent en tandem jusqu’à ce que la ponte soit terminée. Les œufs
pondus seront alors fertilisés uniquement par les spermatozoïdes du
partenaire.
Accouplement
de l’amphiagrion rougeâtre (Amphiagrion
saucium).
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Tandem
du leste armé
(Lestes
forcipatus) :
à l’aide de son oviscapte, la femelle,
retenue par le mâle, insère un à un ses œufs dans le tissu végétal.
Chez
les espèces ne possédant pas d’oviscapte, comme chez
le sympétrum éclaireur (Sympetrum
obtrusum), la ponte se fait souvent en tandem. La
femelle,
retenue par le mâle, dépose ses œufs dans l’eau en touchant la surface
avec l’extrémité de son abdomen.
L'æschne domino (Æshna
interrupta) :
ponte.
Femelle ténérale de l'anax précoce (Anax junius).
Tandem du sympétrum tardif (Sympetrum
vicinum).
Le sympétrum éclaireur (Sympetrum
obtrusum) : par
temps très chaud, la position en obélisque est adoptée pour réduire la
surface du corps directement exposée aux rayons du soleil.
« Cœur
copulatoire » du caloptéryx bistré (Calopteryx
maculata).
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