1. NETTOYAGE (ONCTION ET LISSAGE) 2. COMMUNICATION 3. ALIMENTATION |
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1. NETTOYAGE (ONCTION ET LISSAGE) | ||
Les cicadelles adultes et les nymphes se lissent régulièrement les
ailes, la tête et les antennes avec leurs pattes arrière, d’un seul
côté ou des deux côtés à la fois. Elles étendent sur leurs ailes et
leur
abdomen une substance exceptionnelle, qu’on appelle brochosome (du
grec brochos,
maille de filet et soma le corps). Après une mue, des gouttes de
brochosomes sont produites par les tubes de Malpighi, expulsées par
l’anus, saisies entre les pattes, déposées sur les ailes et étalées
avec énergie. Des accumulations de cette substance se forment sur le
bord des ailes et y sèchent. Certains groupes de cicadelles ont même
développé des structures pour accumuler et retenir plus facilement les
brochosomes sur leurs ailes: de petites vagues sur une région ovale de
l’aile (Typhlocybinae), une dépression (Xestocephalus) ou
des setae (Cuerna).
Lorsqu’elle se frictionne, la cicadelle continue de répandre ce produit
hydrofuge et résistant à la chaleur. Plusieurs hypothèses expliquent ce
comportement, le plus probable étant la fabrication d’une couche
protectrice protégeant l’insecte contre le liquide collant qu’elles
expulsent de leur anus. Deux genres présents au Québec, Cuerna et Oncometopia, poussent encore plus loin l’exploitation de cette substance. Les femelles produisent des brochosomes cylindriques et les accumulent sur leurs ailes pour former une plaque blanchâtre. Après la ponte, elles grattent cette plaque crayeuse avec les setae de leurs pattes et saupoudrent la région où leurs oeufs ont été pondus. L’effet exact de cette application n’est pas connu et fait l’objet de recherches. Brochosomes
Les brochosomes sont des particules de protéines de 0,2 à 20,0
micromètres
(µm). (Un globule rouge humain mesure 6 à 8 µm). Ils sont de deux
types : les sphériques, appliqués sur le corps et les
cylindriques qui sont produits exclusivement par les femelles
et appliqués sur la surface de ponte. Leur taille, leur forme et les
petits détails visibles à la surface des brochosomes varient
énormément. Selon l'espèce de cicadelle, les brochosomes
peuvent être identiques ou différents. Une même espèce peut s’enduire
de différentes sortes de brochosomes à la fois, ou en produire des
différents, selon leur stade de développement. Le brochosome sphérique
est constitué d’un centre vide entouré d’alvéoles. |
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La cicadelle Macropsis
prend des gouttes de brochosomes de son anus (Fig.1), les amène vers
l'avant (Fig.2) avec ses pattes postérieures et les étale sur ses ailes
(Fig.3). Après l'étalement, on observe une couche blanchâtre de brochosomes sur les ailes (Fig.4) |
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Les informations sur les brochosomes proviennent de ce site: https://leafhopper.inhs.illinois.edu/about-leafhoppers/brochosomes/. |
Séances de nettoyage de Amphigonalia gothica et Ceratagallia sp. | ||
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Accumulations de brochosomes séchés sur la bordure des ailes des cicadelles. | ||
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2. COMMUNICATION |
Les premières
classifications, dont celle de Westwood en 1840, divisaient certains
insectes en deux
groupes: les chanteuses (cigales) et les muettes
(cicadelles et fulgores). Il a fallu attendre les travaux de
Ossiannilsson, 100 ans plus tard, pour confirmer que les cicadelles
émettaient
des sons. Selon l’espèce, les mécanismes et les éléments
utilisés pour produire le son varient. Situés sur le premier ou les
deux
premiers segments de l’abdomen, des timbales, muscles et apodèmes
peuvent
constituer l’équipement acoustique de la cicadelle. Les espèces
apparentées émettent des sons différents, ce qui favorise la
reproduction entre individus d’une même espèce. En effet l’émission de
sons ou de vibrations est reliée, entre autres, à la recherche d’un
partenaire pour s’accoupler. Les techniques de reconnaissances
acoustiques peuvent être utilisées pour tester la validité des
hypothèses de classification basées sur la morphologie.
Les femelles émettent aussi des sons mais moins élaborés que les mâles. Les couples de certaines espèces de cicadelles font des duos avant de s’accoupler. Selon l’étude de Nuhardiyati & Bailey (2005) sur Balclutha incisa, les mâles émettent six types de signaux associés à différents comportements : nettoyage, appel, pré-copulation, copulation, post-copulation et agression. Les sons ou vibrations émis par les cicadelles se propagent via la plante et l’oreille humaine ne les perçoit pas. Il faut des équipements sophistiqués pour les capter. Pour en savoir plus sur la communication des cicadelles, lire Nault (1985). |
Mécanisme
de pompe
Dans la tête, les
fluides amenés par les stylets sont emmagasinés dans un petit réservoir
appelé le précibarium.
Il contient la valve précibariale permettant de contrôler le débit
d’ingestion. Les fluides passent ensuite à un autre
réservoir, le cibarium.
La valve précibariale est actionnée par des muscles contrôlés par la cicadelle. Son rôle est de prévenir le refoulement des fluides dans les stylets et de contrôler le débit d’entrée, notamment celui de la sève du phloème qui est à haute pression. Les fluides passent ensuite dans le cibarium. En l’absence de pression hydrostatique, le cibarium joue le rôle de pompe à l’aide des muscles qui le contrôlent. Il semble y avoir une corrélation entre le type de sève absorbée par une cicadelle et la morphologie des réservoirs de nourriture. En effet, celles qui s’alimentent de sève de xylème, à pression hydrostatique nulle ou négative, ont un précibarium plus large, très sclérifié et leur cibarium possède de puissants muscles dilatateurs. On croit que le précibarium plus large offre moins de résistance à la circulation des fluides et que sa texture sclérifiée le rend plus résistant à la forte pression de pompage du cibarium. Quant à elles, les cicadelles qui se nourrissent de sève de phloème, dont la pression hydrostatique est élevée, ont généralement un précibarium étroit, peu sclérifié et des muscles dilatateurs moins développés. Les glandes
salivaires
Les glandes salivaires produisent deux sortes de salives. L’une aqueuse et
l’autre durcissante.
Cette dernière se solidifie immédiatement au contact de l’air ou d’un
fluide et recouvre complètement les stylets lorsqu’ils sondent un
végétal. La salive aqueuse contient des enzymes digestives qui
liquéfient le contenu et les parois des cellules. Recherche de
nourriture et alimentation
Pour trouver sa nourriture, la cicadelle commence par sonder la surface
du végétal avec son labium. Après plusieurs coups de sonde, elle appuie
fermement son labium sur la feuille et insère ses stylets dans le
végétal. Le labium se rétracte vers le haut et n’entre pas dans le
végétal. Juste avant la perforation, les stylets laissent échapper une
goutte de salive durcissante qui forme un collet qui adhère à la
surface. À mesure que les stylets progressent dans le végétal, de la
salive durcissante est sécrétée, durcit et forme un fourreau autour des
stylets. Des senseurs, présents dans le précibarium permettent à la
cicadelle de "goûter" la sève et de sélectionner celle qui lui convient. |
La figure suivante est tirée du livre The Leafhoppers and Planthoppers, L.R. Nault et J.G. Rodriguez. Copyright 1985 John Wiley & Sons, Inc. (www.wiley.com) La figure et le chapitre qui traite de l'alimentation est d'Elaine Backus. L'illustration est reproduite avec l'aimable autorisation de l'éditeur. | |
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Cette figure illustre bien les différentes composantes qui interviennent dans le processus d'alimentation de la cicadelle. Cib: cibarium CibD: diaphragme du cibarium CibDM: muscle dilatateur du cibarium Clpl: clypellus Clyp: front Epi: épipharynx FC: canal alimentaire FG: ganglion frontal Hypo: hypopharynx Lab: labium LabT: bout du labium Lbr: labrum MnPl: plaque mandibulaire MnSB: base des stylets mandibulaires MnSt: stylet mandibulaire MxPl: plaque maxillaire MxSt: stylet maxillaire Pre: précibarium SC: canal salivaire StD: dendrite StF: faisceau de stylets ![]() |
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